• Mes yeux étaient complètement vides. Pour moi, le monde devenait démesuré, sans forme concrète... Je ne me souviens pas, combien de verres et de bouteilles trônaient sur la table. Une ? Deux ? Dix ? Peu m'importe. Je buvais, seule, dans mon salon, affalée sur mon canapé. Noyée dans mes problèmes, ou dans l'alcool ? Peut-être un mélange des deux... Sous l'emprise de l'alcool, je pouvais battre mes enfants, voir lever la main sur ma femme... Quelle horreur. J'étais impuissant, face à ce liquide qui emprisonnait mes pensées, mon esprit. Je haissais cette addiction, mais je la vénérais. C'était l'échappatoire de tous mes soucis, la sortie de secours, le dernier espoir. Mais il ne réglait rien, il ne faisait qu'apaiser mes peurs, mes angoisses. Après avoir bu quelques bouteilles, je me sentais si bien... Et si mal. J'ignorais volontairement l'appel à l'aide de mon corps, qui ne suivait plus. Il me délaissait petit à petit, sans me prévenir, mais mon esprit refusait cette relâche. L'alcool prenait entièrement le contrôle de ma personne. Je pensais qu'il la guidait vers le bonheur, seulement il ne faisait que me rapprocher de la mort. J'avais des hallucinations. Je voyais mes enfants heureux, ma compagne également, mon entourage aussi. Mais je ne comprenais pas, je ne m'intégrais jamais dans ces hallucinations, dans ce faux bonheur... 

    Alors un jour, sans m'en informer, mon corps a dit stop. Actuellement, je suis dans l'ambulance. Je distingue à peine les lumières qui tournent, mes yeux faiblissent et se ferment doucement. Je souriais. J'avais enfin trouvé la clef du bonheur.

     

    Disparaître de ce monde.


    7 commentaires
  • La dernière heure :

     

    Les bras posés sur le balcon, une clope à la main, elle regardait le ciel, sombre, elle aimait la nuit. Elle aimait sa couleur bleue si intense, qui englobait la terre entière. On aurait cru que le ciel avait déposé toutes ses étoiles dans les yeux de la jeune femme. Elle apréciait. La clope ? Ce moment ? Aucune idée, cela n'avait plus d'importance. Plus rien ne comptait désormais. Elle profitait de chaque seconde, chaque minute. Elle profitait de la dernière heure de son existence. La dernière. La jeune femme oubliait tout, vidait son esprit, excluant ses pensées. Elle admirait la magnifique vue dont elle bénéficiait. Située sur le haut d'un immeuble abandonné, elle regardait les multiples véhicules traverser les routes. Les passants, aussi petits que des fourmis, s'ignoraient entre eux. Un mur de verre invisible les séparaient de tout contact. Ils se fuyaient, sans se toucher, sans se bousculer. Tous plongés dans leur délire fou, leur obsession, leur objectif. Obnubilés par une direction, un chemin unique pour chacun. Cette vision des choses l'horrifiait. Elle laissait un monde sourd, dont l'humain n'était qu'un pion sur un jeu d'échec. Chaque personne jouait avec l'autre... Naïvement. Alors la jeune femme se contentait de regarder la ville, qui ne cesse de bouger. Elle restait un long moment, très long moment, à observer le monde qui l'entourait. Elle jetait un dernier oeil sur sa montre. Elle posait sa clope sur le balcon, enlevait la fleur de ses cheveux et la déposait par terre. Elle souriait.

     

    12h59....


    24 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique